Après son captage, le CO2 doit être dirigé vers son lieu de stockage ou d’utilisation. Compte tenu des volumes, les seules solutions possibles à grande échelle passent par l'utilisation des Pipelines ou des navires.
Par gazoduc (pipeline)
Une voie déjà largement utilisée de par le monde pour d’autres applications
Le transport du CO2 par canalisation terrestre ou sous-marine ne pose pas de problème fondamental. Ce gaz largement inerte est déjà transporté par pipeline pour des activités de récupération assistée de pétrole (environ 3 000 km dans le monde, essentiellement aux Etats-Unis où cette voie est empruntée depuis 1980 pour transporter 50 millions de tonnes de CO2 par an.
Légende : Le transfert du CO2 entre son point d’émission et son lieu de stockage nécessite toute une série d’opérations qui comprend le captage, la compression, le transport (ici via gazoduc) et l’injection.
Transporter le CO2 à l’état supercritique…
Dans le cas d'un transport par canalisation, le CO2 est dans un état supercritique, à une pression supérieure à 74 bars une température supérieure à 31°C. Ce type de transport impose éventuellement des recompressions intermédiaires, selon la distance.
…ou à l’état liquide ?
On étudie aussi la possibilité de transporter le CO2 par canalisation à l'état liquide, dans des conditions de température et de pression adéquates, par exemple 10 bars et - 40 °C. Cette dernière solution imposerait une bonne isolation des canalisations. Cependant, il reste à construire et gérer un véritable réseau permettant d'acheminer le CO2 depuis les lieux d'émissions jusqu'aux sites de stockage.
Légende : Le CO2 peut se transporter par gazoduc du même type que ceux utilisés pour le transport du gaz naturel, comme ici dans le Wyoming (États-Unis).
Par navire
Une pratique sérieusement envisagée pour de plus longues distances ou un stockage offshore
Pour des distances supérieures à 1 000km, le transport par bateau semble plus économique que le transport par pipelines offshore, si l'on considère un volume annuel traité égal à 6 mégatonnes de CO2. Les méthaniers en service ont une capacité entre 120 000 et 150 000m3. Étant donné que la densité du dioxyde de carbone est presque deux fois et demie supérieure à celle du méthane (1 032kg.m3 par rapport à 423kg.m3), le volume des cuves devrait donc être inférieur pour le transport de CO2. Des études proposent ainsi d'utiliser des navires de capacité plus modeste (10 000 à 30 000m3) .
Légende : Des navires-citernes (tankers) tels que ci-contre, utilisés actuellement pour le transport de gaz de pétrole liquéfié (GPL), pourraient servir au transport du CO2.
Navire ou canalisation : quel est le bon choix ?
Le prix de transport du CO2 par canalisation depuis le site de captage jusqu'à son lieu de stockage varie entre 0,5 € et 10 € pour le parcours d'une tonne de gaz sur 100 km. Cette différence s'explique par la nature des zones traversées. Une canalisation sous-marine est, par exemple, trois fois plus chère qu'un réseau terrestre.
Le transport par navire est plus économique sur de longues distances mais moins pratique car il nécessite des stockages tampons importants afin de faire face aux irrégularités d’approvisionnement. Il est actuellement en phase de développement.
Le bilan carbone, l’impact environnemental et l’analyse des risques de chacune de ces deux méthodes de transport ne sont pas encore très connus car il n’y a jusqu’à présent que peu de retour d’expérience sur le sujet. Reste à étudier d’avantage ces données afin de s’assurer que le bilan carbone reste positif et donc le transport sur de longues distances toujours cohérent.
Quels enjeux pour demain ?
Le transport de gaz impose des recherches permanentes sur sa fiabilité et ses possibles risques
Le développement des filières de transport du CO2 ne repose pas uniquement sur des défis technologiques. Tout comme pour le stockage, d'autres verrous d'ordres environnementaux et sociétaux doivent être pris en compte. Ils font l'objet de nombreuses études traitant des obligations légales ainsi que des questions de sécurité et de proximité.
Eviter la corrosion
Le transport du CO2 impose des contraintes techniques bien spécifiques : il faut notamment prévenir la corrosion des contenants, provoquée par la présence d'eau. Ce problème peut être facilement résolu par une épuration, une déshydratation plus poussée et l'utilisation d'inhibiteurs de corrosion.
Connaître l’impact des impuretés dans le CO2
Le CO2 capté n’est jamais pur à 100%, car selon la nature du combustible ( pétrole, gaz naturel ou charbon) et le type de captage (postcombustion, oxycombustion ou précombustion), on retrouvera différents métaux lourds en mélange gazeux avec le CO2. Leur influence potentielle sur le transport et les installations de surface reste à ce jour complexe et peu connue.